La topologie lacanienne est-elle une métaphore totalisante ?
Que Jacques Lacan, dans sa volonté permanente de revenir sans cesse à Freud, ait voulu représenter de la manière la plus claire et minimale la deuxième topique freudienne et la sublimer de manière structurale en lui donnant les allures du langage universel des mathématiques est, pour moi, une évidence.
La topologie lacanienne est le fruit d’une volonté de transcender le langage, c’est-à-dire les signifiants, en représentant géométriquement la deuxième topique qui, elle même, fut dépassée par le trio RSI.
On notera au passage que la deuxième topique de Freud représente le système psychique d’un individu alors que le trio RSI qui Subsume la deuxième topique ne représente plus un système psychique mais la totalité de ce qui existe. Le sujet est donc complètement volatilisé structurellement par la représentation lacanienne de celui-ci. De même que le sujet est soumis à l’inconscient chez Freud, de même, le sujet n’est plus qu’une production du trio RSI chez Lacan. Du moins telle est mon interprétation.

Ainsi Jacques Lacan rejoint son ami le philosophe Spinoza en voulant tout réinterpréter de manière géométrique. Et s’il n’existe pas de métalangage, il existe au moins ce langage universel des mathématiques qui peut être compris par toutes les langues particulières apparues au cours de l’histoire. Ainsi représenter ultimement tout son système par la voie de la topologie constitue l’acte ultime de création et de synthèse destinée au futur psychanalyste. Tel fut le voeux de Jacques Lacan : transmettre avant de disparaître, transmettre avant la dissolution.
La géométrie est une discipline des mathématiques et par conséquent c’est bien sur les mathématiques considérées comme métaphores qu’il faut désormais interroger lorsque l’on veut mieux comprendre la raison pour laquelle Jacques Lacan s’est servi d’ elles. Je crois pouvoir penser que les mathématiques sont la métaphore du désir. Ce désir est celui de l’objet petit a. C’est donc à jamais un désir échoué car un désir d’absolu toujours répété pour être toujours inassouvi. Les mathématiques laissent à croire qu’elles peuvent totaliser le réel, ce que des épistémologues ont démontré comme étant faux, mais cependant elle s’emploient à le faire envers et contre tout. Elles représentent donc le fantasme de l’unité bienheureuse qui se récapitule en elle-même tout en se calculant. Si elle peuvent être la métaphore d’un désir d’absolu, dès lors l’emploi de la topologie relève d’une volonté totalisante chez Lacan malgré son dire de l’objet petit a. Il s’ agit donc d’un fantasme d’absolu qui n’est pas dupe de lui-même.
Ajoutons dès lors que la métaphore totalisante de la topologie lacanienne est un système, une systématique de l’absolu au sens du philosophe Hegel, A ceci près que celui-ci n’ignore pas l’impossibilité de capter l’objet petit a qui, lui, est du côté du Réel. Il y aura donc toujours quelque part une faille, une béance, un trou dont les bords seront structurants pour l’ensemble du système. Tout est donc bâti sur un manque, un vide, un bord.
Alexandre Bleus.